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dimanche 18 août 2024

La mobilisation, du 23 juin 2022, dans l’Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes de l'Estran, a-t-elle permis une amélioration des conditions de travail du personnel et de la qualité de vie des résidents ?

Le personnel soignant, de l’Etablissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), du Centre Hospitalier de L'Estran de Pontorson est-il, toujours, en crise ?

Photographie : le personnel soignant de l’EHPAD, du Centre Hospitalier de L'Estran de Pontorson, le 23 juin 2022
Crédit photo : Dany Ollivier
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La financiarisation croissante des Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), combinée aux logiques comptables et aux pressions managériales, entraîne une détérioration notable des conditions de travail pour le personnel et une baisse de la qualité de vie des résidents.

Le métier de soignant, souvent perçu comme un véritable sacerdoce, est devenu de plus en plus exigeant, au point de laisser les personnes âgées en souffrance.

Face à cette situation alarmante, le personnel de l’EHPAD du Centre Hospitalier de l’Estran, sous l’égide de la Confédération Générale du Travail (CGT), s’est mobilisé, le vendredi 23 juin 2022 à 13 h 30, pour exprimer son désaccord. Quelques automobilistes de passage ont manifesté leur soutien en klaxonnant.

Pour mieux cerner la gravité de la situation, la parole a été donnée aux infirmiers et aides-soignants qui subissaient, ou subissent encore, cette pression au quotidien.

« Je dénonce le surmenage. Des collègues sont en arrêt pour cause de burnout. Nous portons une charge émotionnelle trop lourde. On nous en demande toujours plus. On est épuisé physiquement et moralement. Il y a eu plusieurs suspensions. On nous rappelle pendant nos congés pour remplacer des collègues absents et non remplacés et on nous culpabilise si on refuse. Cela crée une fatigue morale. On n’est pas des machines mais des humains qui travaillent avec des humains », déclare Tiphaine, infirmière de 32 ans, avec 12 ans de service à son actif.

« Il nous faut plus de personnel. Sur les unités d’EHPAD, nous sommes deux soignants pour vingt-cinq résidents. Actuellement, une seule infirmière s’occupe de cinquante résidents alors qu’il en faudrait quatre. Heureusement, les résidents sont compréhensifs ; ils voient notre surcharge de travail et n’osent plus demander de l’aide même lorsqu’ils en ont besoin. L’EHPAD est devenu le parent pauvre de l’hôpital. On bricole sur le dos de nos anciens. En 25 ans de carrière, je n’ai jamais vu des conditions aussi dégradées », témoigne Céline, aide-soignante de 48 ans.

« Notre vie privée en souffre également. Certains soignants envisagent même une reconversion, pour pouvoir démissionner le plus rapidement possible, alors qu’on a déjà du mal à recruter », ajoute Cindy, agent de service hospitalier faisant fonction d’aide-soignante, âgée de 30 ans.

En résumé, les revendications des employés médicaux ont été explicites : non aux rappels à domicile, plus de personnel, y compris pour le service d’hygiène, et davantage de reconnaissance et de respect. Il est, en effet, essentiel de considérer le bien-être des salariés autant que celui des résidents  pour un fonctionnement harmonieux des EHPAD.

Plus de deux ans plus tard, la situation a-t-elle évoluée dans le bon sens ?

Dany Ollivier - Autrice

Les témoignages de cet article ont été publiés, pour la première fois, dans le journal LML de juillet 2022.